La Liberté éclairant le Monde
J'ai triomphé! J'ai cent ans! Je m'appelle
la Liberté! Mais un nom c'est trop peu :
Le monde a fait, me voulant forte et belle,
Mon corps de bronze et mon âme de feu!
Soit qu'un pilote ou qu'un peuple s'égare
Dans le vertige ou la fureur des flots
Je viens sauver à l'éclat de mon phare
L'un du naufrage et l'autre des complots!
Je porte au loin dans la nuit sombre,
Quand tous mes feux sont allumés,
Mes rayons au vaisseau qui sombre
Et ma lumière aux opprimés!
J'ai triomphé! Washington, Lafayette
Sont mes sauveurs qu'on bénit à genoux;
Prions pour ceux dont la tombe est muette
Et n'a pas même une croix parmi nous.
Ils sont tombés en me léguant la flamme
Du feu sacré qui ne doit pas périr!
Ils sont tombés, et ma lumière est l'âme
De ces vaillants morts pour me conquérir.
J'ai prospéré sous leur tutelle
Par eux mes bras sont triomphants
Et je me lève en immortelle
Sur le tombeau de mes enfants!
J'ai combattu, persistante acharnée
Contre le temps, farouche moissonneur,
Mais j'ai cent ans et ma cause est gagnée
J'ai désormais passé l'âge où l'on meurt!
Mon front saignant porte maintes entailles,
Mais l'univers a connu mes bienfaits
Et j'ai jeté la torche des batailles
Pour prendre en main le flambeau de la paix!
Je porte au loin dans la nuit sombre
Quand tous mes feux sont allumés
Mes rayons au vaisseau qui sombre
Et ma lumière aux opprimés!
|
Liberty Enlightening the World
– Almost literal, unofficial translation:
I have triumphed! Centenarian I am! called
The Liberty! But a name is not enough:
The World has made, wanting me strong and beautiful,
My body from bronze and my soul from Fire!
Either a pilot either a nation, astray
By dizziness or fury of the waves,
I will protect, by my flashing beacon,
The one, from shipwreck, the other from any plot!
I send afar in the dark night,
When all my Fires are lit,
My Rays toward the sinking ship
And my Light toward the oppressed!
I have triumphed! Washington, Lafayette
Are my saviors, whom one blesses, kneeling;
Let us pray for those whose the grave is mute
And does not even have a cross among us.
They fell, bequeathing to me the Flame
Of the Sacred Fire that must not perish!
They fell, and my Light is their soul,
Those who, valiant, died for my cause.
I prospered under their guardianship,
Through them my arms are triumphant
And I am rising, Immortal,
On the grave of my children!
I fought eagerly persistent
Against Time, the fierce Reaper,
But I am one hundred years old and my cause is won,
I henceforth passed the age where one dies!
My bleeding forehead has many wounds,
But the Universe has known my Benefits
And I threw away the torch of the battles
To take in hand the Torch of Peace!
I send afar in the dark night,
When all my Fires are lit,
My Rays toward the sinking ship
And my Light toward the oppressed!
|